C’est le mois de l’histoire des Noirs : « Les actes en disent plus long que les mots »

Formation en leadership des jeunes de l'AWYF à North York avant la pandémie.

« Le Mois de l’histoire des Noirs est un moment de célébration », déclare Tiaraoluwanimi Esan, une jeune membre de la Afro Women and Youth Foundation (AWYF). Cette organisation à but non lucratif basée en Ontario s’efforce d’autonomiser les femmes immigrées et les jeunes d’origine africaine par le biais de la défense des droits, du mentorat et du développement du leadership. Si le Mois de l’histoire des Noirs a pour but de rendre hommage à la portée et aux contributions de la communauté noire, il s’agit également d’un moment crucial pour les personnes non noires qui doivent se mettre au travail. L’apprentissage de l’histoire des Noir.e.s est important, mais la manière dont vous utilisez ces connaissances pour informer le fonctionnement de votre organisation aujourd’hui l’est tout autant. 

Ci-dessous, Généraction s’est entretenu avec quatre jeunes de l’AWYF sur ce que le Mois de l’histoire des Noirs signifie pour eux et elles, sur l’importance de la mise en œuvre de la justice raciale dans les systèmes canadiens et sur la manière dont votre organisation peut être plus accueillante pour les jeunes Noir.e.s et immigrant.e.s. 


Que signifie le Mois de l’histoire des Noirs pour vous?

 

Idiakhosa Onaiwu-Osayi : Bien que de nombreuses personnes considèrent le Mois de l’histoire des Noirs comme une période permettant de se concentrer davantage sur les efforts de lutte contre le racisme, je le vois comme plus que cela. Pour moi, le Mois de l’histoire des Noirs est l’occasion de lutter contre le racisme et de célébrer les réalisations des Noir.e.s aujourd’hui. Je vois beaucoup de gens parler de la façon dont les Noir.e.s ont combattu dans les guerres mondiales et ont aidé le pays. Autant je crois que cela renforce nos espoirs et augmente notre force de lutte, autant je sais que nous sommes plus que l’histoire qui nous a précédés. Concentrons-nous donc sur les personnes noires qui apportent leur contribution aujourd’hui, sur les entreprises noires qui influencent notre mode de vie, notre art, notre alimentation et notre culture. Pour moi, c’est le Mois de l’histoire des Noirs : un mois pour célébrer tout ce qui est noir, pas seulement l’histoire passée, mais celle que nous réécrivons et celle que nous continuerons à écrire.

 

Tiaraoluwanimi : Pour moi, le Mois de l’histoire des Noirs est synonyme de reconnaissance et d’appréciation des Noir.e.s dans tous les aspects de la société. Il s’agit de donner aux créateur.ice.s, inventeur.ice.s et influenceur.euse.s noir.e.s la reconnaissance et le crédit qu’ils et elles méritent. C’est un rappel de l’influence de la culture noire dans la société et, malgré la souffrance et la douleur de notre passé, nous trouvons toujours un moyen d’adopter notre culture autrefois interdite. Le mois de l’histoire des Noirs est un moment de célébration.

 

Comment pensez-vous que les organisations peuvent rendre leurs espaces plus sûrs pour les jeunes personnes noires?

 

T.S.F : Les organisations peuvent rendre leurs espaces plus sûrs pour les jeunes lorsqu’elles développent des valeurs fondamentales, des politiques antiracistes et antidiscriminatoires à respecter dans leurs espaces afin de garantir que tout le monde bénéficie des mêmes avantages [et du même soutien]. Les idées des personnes noires doivent également être acceptées chaleureusement, car elles profiteront à l’organisation. 

 

O.E :  Je pense que les organisations peuvent y parvenir en commençant par diversifier leurs [environnements]. Les jeunes noir.e.s peuvent se sentir plus à l’aise s’ils et elles voient d’autres jeunes noir.e.s dans l’organisation. La représentation est importante! Deuxièmement, les organisations peuvent créer des départements de « doléances » où les jeunes noir.e.s peuvent toujours se rendre s’ils et elles estiment avoir été victimes d’une forme quelconque de discrimination.

 

Comment pensez-vous que les organisations peuvent rendre leurs espaces plus sûrs pour les jeunes qui sont des immigrant.e.s?

 

O.E : Je pense que les organisations peuvent le faire en créant un programme d’accueil, et au cours de ce programme d’accueil, les immigrant.e.s peuvent être sensibilisé.e.s sur la culture de cette organisation. Je pense que les personnes se sentent plus en sécurité dans un [espace] lorsqu’elles en savent plus sur [l’environnement dans lequel elles se trouvent].

 

Idiakhosa : La plupart des immigrant.e.s ont beaucoup de questions et il y a certaines choses que nous ne savons pas parce que tout est nouveau pour nous. Donc, si les organisations peuvent être patientes avec les immigrant.e.s et être ouvertes pour répondre à leurs questions sans parti pris ni jugement, je suis sûr que cela sera très utile. J’ai [également] remarqué que l’on se moque de l’accent de nombreux immigrant.e.s. C’est devenu fréquent sur les lieux de travail, dans les écoles et même dans les institutions qui devraient être utiles. Je trouve injuste que la façon dont une personne parle affecte la façon dont elle est traitée. Si davantage d’organisations pouvaient remarquer ce préjugé, je sais qu’elles seraient en mesure de l’enrayer.

 

Comment les organisations peuvent-elles défendre de manière significative la justice raciale?

 

T.S.F : Tout d’abord, il faut comprendre le racisme systémique et les désavantages socio-économiques qui ont entraîné l’insécurité et l’instabilité financière de nombreuses personnes noires. Amplifiez les voix des personnes de couleur et soutenez les projets communautaires. Les personnes noires ont besoin que les personnes [non noires] se lèvent et prennent en charge les problèmes liés à l’oppression comme les leurs. Participez activement en faisant des dons pour soutenir les campagnes de justice raciale.

 

Idiakhosa : Les organisations peuvent défendre de manière significative la justice raciale en s’exprimant et en agissant. C’est plus qu’un signe « Black Lives Matter » écrit au bas de votre site Web. Il s’agit de se lever lorsque cela se produit dans la communauté, d’en parler, de travailler avec des organisations caritatives qui se préoccupent de la justice raciale et de veiller à ce que cela ne se produise pas dans votre organisation.

 

Avez-vous eu des expériences où vous vous êtes senti.e.s en sécurité et bien accueilli.e.s dans une organisation ou un espace? Pouvez-vous m’en parler?

 

Tiaraoluwanimi : Un nouveau club de la diversité a récemment vu le jour dans mon école et je ne me suis jamais sentie aussi à l’aise à l’école. Parfois, nous parlons de sujets sérieux, comme les récents crimes haineux qui ont été filmés et qui font la une sur Internet, et d’autres fois, nous passons simplement du temps ensemble et apprécions la compagnie des autres.

 

Idiakhosa : Je me suis sentie en sécurité et bien accueillie dans de nombreuses organisations, mais aucune n’a jamais atteint le niveau des bibliothèques publiques canadiennes. Les bibliothèques proposent tellement d’activités inclusives et, en tant qu’immigrée, cela m’a aidé à trouver un endroit où m’intégrer, car j’ai enfin trouvé une organisation proposant diverses activités parmi lesquelles je pouvais choisir, et j’ai toujours trouvé quelque chose qui me passionne. Je suis actuellement bénévole dans ma bibliothèque publique, et c’est gratifiant de dire que je suis passée du stade où je lisais des livres et profitais des activités proposées à celui où je fais quelque chose pour ma communauté.

 

Les entretiens ont été édités et condensés pour plus de clarté. 

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