Deux jeunes défenseur.euse.s des droits des personnes handicapées expliquent comment votre organisation peut faire mieux

Mary Cep est une membre de 22 ans du Conseil d’action jeunesse du Disability Justice Network of Ontario (Réseau ontarien de justice pour les personnes handicapées)

Connor James Parker est un jeune leader de 19 ans pour l’initiative Youth for Inclusion au sein de Inclusion Alberta

En matière de défense des droits des personnes handicapées, nous avons besoin non seulement d’un changement d’attitude, mais aussi d’un changement systémique. Plusieurs jeunes militant.e.s s’attaquent au capacitisme dans notre société. Pour que votre organisation soit réellement inclusive, il est essentiel d’écouter leurs points de vue.

Pour mieux comprendre comment les organisations peuvent rendre leurs espaces sûrs pour les personnes handicapées, Généraction s’est entretenu avec deux jeunes agent.e.s de changement qui se consacrent à la défense des droits des personnes handicapées. Connor James Parker est un jeune leader de 19 ans pour l’initiative Youth for Inclusion au sein de Inclusion Alberta, une organisation à but non lucratif de défense des droits des personnes handicapées. Mary Cep est une membre de 22 ans du Conseil d’action jeunesse du Disability Justice Network of Ontario (Réseau ontarien de justice pour les personnes handicapées), une organisation axée sur la justice pour les personnes handicapées. Ci-dessous, Mary et Connor donnent leur avis sur les obstacles que rencontrent les jeunes personnes handicapées lorsqu’elles naviguent dans les institutions du pouvoir, et sur la manière dont les organisations peuvent faire mieux.


Quels sont les défis auxquels les jeunes personnes handicapées sont confrontées lorsqu’elles naviguent dans les organisations canadiennes?

Connor : La plupart des organisations ne comprennent pas l’intérêt d’intégrer des personnes handicapées dans leurs espaces et lieux habituels, car elles ne l’ont jamais fait auparavant. Par conséquent, lorsqu’une personne handicapée s’adresse à une organisation, cette dernière ne sait souvent pas quoi faire ou comment la soutenir de manière appropriée.

Mary : Nous ne pouvons pas nous voir à l’intérieur des murs des institutions dans quelque chose d’aussi simple que d’être représenté dans le visuel des brochures, des livres, des manuels et de l’art mural, sans parler des programmes qui ont lieu. Cela peut sembler sans importance, mais en tant que femme noire, j’ai expérimenté du mécontentement de soi et du sentiment d’altérité que je continue à éprouver en ne voyant pas de personnes qui me ressemblent dans des espaces « faits pour tout le monde ». La crise d’identité, les problèmes d’estime de soi, de valeur personnelle et de confiance en soi surviennent lorsqu’une personne n’a pas de reflets positifs d’elle-même dans les environnements qui l’entourent. Lorsqu’ils ne sont pas maîtrisés, ces problèmes se transforment en problèmes psychologiques plus graves qui affaiblissent la santé mentale d’une personne et freinent encore plus son développement et sa réussite dans la vie. 


Sur quoi est-ce que les organisations/institutions se trompent à propos des enjeux auxquels la communauté des personnes handicapées est confrontée?

Connor : De nombreuses organisations estiment que pour qu’une personne soit intégrée dans sa communauté, elle doit d’abord acquérir les compétences requises ou être formée à la vie en communauté. Cependant, je sais que la meilleure façon pour toute personne d’apprendre à être en communauté est d’être en communauté.

Mary : Que nous ne faisons pas assez d’efforts pour améliorer nos moyens de subsistance. Que nous ne travaillons pas assez dur pour défendre nos intérêts et que nous n’avons pas besoin d’allié.e.s pour se rallier à nous et réclamer un monde meilleur. Nos luttes individuelles peuvent être et sont souvent débilitantes, et varient en fonction des expériences passées, de l’état physique, mental, émotionnel et financier de chacun et de l’accès aux aides. L’effort qu’il faut déployer pour continuer à avancer tout en découvrant notre moi le plus profond dans des systèmes sociaux, institutionnels et politiques qui nous manipulent – disant que nous sommes ingrat.e.s, que nous nous plaignons trop ou que nous n’en faisons pas assez – est immense.


Quelles sont les façons dont les organisations peuvent accommoder les jeunes personnes handicapées?

Connor : De la même manière qu’une organisation fournit des mesures d’adaptation à toute personne, il faut d’abord comprendre ce dont une personne a besoin pour contribuer de manière significative et fournir des aménagements en fonction de ces besoins. Les organisations peuvent s’associer à d’autres organisations qui ont de l’expérience dans ce domaine et peuvent apprendre des succès des autres.

Mary : Si les organisations cherchent vraiment à être inclusives, alors tout ce qui est créé depuis le début doit refléter un effort continu pour diversifier leur communauté. Il peut s’agit de rampes d’accès, d’aménagements, de personnel d’assistance, de sondages réguliers permettant à tous et toutes de donner leur avis sur la manière dont les services peuvent être améliorés, ou bien d’un nombre proportionnel de personnes occupant des postes à responsabilité et souffrant elles-mêmes d’un handicap physique et/ou mental. L’absence de ces pratiques est sérieusement ressentie par les jeunes et diminue la probabilité de notre engagement. 


Qu’est-ce que les dirigeant.e.s des organisations doivent retenir de tout cela?

Connor : En tant que jeune leader et personne handicapée, je sais que lorsque les organisations apprennent les avantages de l’inclusion, elles constatent également que tout le monde bénéficie d’un soutien approprié, quel que soit son niveau de capacité.

Mary : Je pense qu’il est important de noter qu’il n’existe pas de méthode parfaite pour le changement, mais si nous avançons avec l’intention d’écouter réellement les expériences, les histoires, les idées et les besoins de chacun.e, les mesures à prendre se révéleront d’elles-mêmes. Il est tout à fait possible d’y parvenir, pour autant que les élites et les instances dirigeantes abandonnent le désir de produire des profits économiques pour plutôt favoriser la promotion de la communauté, l’épanouissement, l’investissement, ainsi que le soutien mutuel et celui de la terre.

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